show me your dark secrets + Yanaël

Elle ne savait pas comment, ni pourquoi, mais c’était arrivé. Elle sortait avec un garçon. Ça c’était fait doucement, sans trop comprendre, ni l’un ni l’autre, mais ils en étaient là. Emme s’était levée aux aurores, après une nuit assez agitée, comme presque toutes ses nuits. Samaël l’avait accueillie d’un battement de queue et d’un aboiement joyeux, avant de sauter contre la porte d’entrée. Le message était clair, il avait envie de sortir. L’ancienne militaire n’avait pas trainé sous la douche, et n’avait pas mit des heures à se pomponner, ce n’était de toute façon pas son genre. Elle attrapa la laisse de Sam, bien qu’elle ne la lui mettrait pas. C’était juste « au cas où ». Elle avait jeté un regard à son téléphone, avant de quitter son appartement. La vie d’Emma était … étrange. Surtout depuis son retour, elle avait vu des choses qu’elle ne souhaitait à personne, elle avait fait des choses qui la hantaient chaque nuit. Et surtout, elle avait l’impression que ce n’était jamais fini. Lorsqu’ils arrivèrent au parc après une dizaine de minutes de marche, Sam s’éloigna en courant et elle le laissa faire ; après tout, ce pauvre chien vivant en appartement, il avait bien le droit de profiter des espaces verts, lui aussi. Et ce parc était leur petit refuge. Alors que le border collie reniflait ça et là, Emma, elle, alla s’installer sur un banc. Le temps était beau, frais, certes. En même temps, à cette heure matinale, c’était normal. Elle ferma les yeux quelques minutes. Quelques instant, le temps de souffler, de … profiter. Un parfum lui chatouilla les narines. Un parfum, quoi de plus banal. Pourtant, elle l’aurait reconnu entre mille. Elle ouvrit les yeux et tourna la tête à gauche, puis à droite, avant de voir Yanaël. Un sourire faiblard éclaira ses lèvres. C’était lui, son petit ami. Comment, pourquoi ? Est-ce qu’elle était vraiment amoureuse, si seulement, elle savait ce que ça signifiait ? Le chien de Yanaël s’approcha d’elle et elle lui caressa la tête. « Coucou toi ! » Emma se leva du banc, et regarda le brun. Ils n’étaient pas démonstratifs, ils ne se prenaient pas souvent dans les bras. C’était deux handicapés des sentiments, et c’était à peine si elle avait conscience. « Bonjour, Yan’ ! » Sam rappliqua au pas de course pour faire la fête au trentenaire. Il était comme ça, Sam. Il exprimait ce qu’elle n’arrivait pas a exprimer. Sam sautait comme un fou, tirant la langue pour espérer lécher la joue de Yanaël. « Sam, ça suffit. » Le bleu merle s’arrêta presqu’instantanément, avant de s’asseoir sagement, attendant une caresse.

Une fois sa caresse obtenue, Sam ne s’occupa plus que de Caliel, et laissa Emma et Yanaël à leurs présentations foireuses. Quelques fois, Emma se demandait ce que pouvait bien penser son cher ami. « Mais qu’elle est bizarre mon humaine ». Et qu’est-ce qu’il avait raison … ! Yanaël l’attira à lui, et déposa un baiser sur le front de la jeune femme, avant de recula. Emma porta une main à son front, en souriant tendrement. Elle n’était pas habituée à ces gestes, et elle n’aimait pas trop les étreintes ; trop de mauvais souvenirs lui revenaient en tête lorsqu’elle n’était pas libre de ses mouvements. Yan lui demanda si elle allait bien et elle haussa les épaules. « Oui, ça va. Et toi ? » Elle ne se voyait pas lui dire que sa nuit avait été horrible, qu’elle avait vu et revu la scène où elle tuait quelqu’un. Elle mordit sa lèvre inférieure, avant de sourire et de le suivre. Elle acceptait volontiers de marcher avec lui, pourquoi n’accepterait-elle pas ? Elle était là pour se dégourdir les pattes, profiter de la brise matinale et … de Yanaël. La journaliste passa une main dans ses longs cheveux blonds et offrit un sourire au brun qui l’accompagnait. « Alors, quoi de neuf ? » Personne ne pourrait dire qu’ils sortent ensemble : ils ne se tiennent pas par la main, n’ont pas de regards langoureux. Pourtant, il y a bien ce petit quelque chose entre eux. Ce petit … cette petite alchimie, invisible, inexplicable, mais bien présente. Samaël lança un regard à sa maîtresse, avant de s’enfuir en courant sur le petit sentier qu’empruntaient les deux amoureux. Parfois, Emma l’enviait. Tout semblait si facile avec lui : il voulait dire bonjour au chien ? Il allait dire bonjour au chien ! Il voulait une caresse ? On le caressait ! Il n’aimait pas ça ? Il ne le faisait pas ! La demoiselle respira l’air aux alentours. Il y avait l’odeur de l’herbe, de la rosée matinale et de Yan. Elle était bien. Pas sereine, mais bien.